L'église Saint-Bernardin et le couvent attenant sont situés dans la zone verte d'Ivrea, au centre de la zone industrielle Olivetti, autrefois connue sous le nom de "La Crosa", à la sortie de la ville. La pose de la première pierre pour la construction du couvent et de l'église annexe remonte au 14 septembre 1455, avec la bénédiction de l'évêque Giovanni di Parella, comme le rappelle une plaque de marbre placée dans le mur gauche. L'ancien couvent comprenait l'église avec le cloître, le dortoir, l'infirmerie, le logis pour les hôtes de passage et les ateliers. Lors de sa consécration en 1457, l'église comportait une seule nef, un plan quadrangulaire avec une voûte sur croisée d'ogives et un seul autel. L'affluence des fidèles rendit nécessaire l'agrandissement de l'édifice, qui fut achevé en 1465 avec le prolongement de la nef d'origine, la construction d'une cloison et de deux chapelles latérales dédiées à la Vierge et à Marie-Madeleine. L'édifice prend ainsi l'aspect caractéristique des églises conventuelles avec la séparation de la zone destinée aux fonctions des religieux de celle à laquelle les laïcs avaient accès. La situation du couvent s'est détériorée dès le XVIIe siècle, lorsque les Frères de l'Observance ont été chassés par les Frères Réformés franciscains. Du début du XVIIIe siècle jusqu'à la conquête napoléonienne et à l'abolition des biens ecclésiastiques, le site a été utilisé à plusieurs reprises comme campement pour les troupes militaires, puis comme dépôt agricole, ce qui a entraîné la dégradation de tous les bâtiments, y compris l'église qui servait de grenier à blé. En 1907, l'ensemble de la zone a été acheté par l'ingénieur Camillo Olivetti qui, entre 1955 et 1958, a promu la remise en état globale de l'église avec la restauration de la structure architecturale d'origine et la restauration des fresques ornant les murs intérieurs. Parmi celles-ci, le cycle pictural des Histoires de la vie et la Passion du Christ occupe entièrement l’iconostase du côté qui faisait autrefois face à l'église publique. Elles sont l'œuvre de Giovanni Martino Spanzotti, un artiste redécouvert seulement au siècle dernier mais qui constitue un point de repère essentiel dans le développement de l'art de la Renaissance au Piémont, imprégné d'influences de la plaine du Pô et de la Lombardie, de la France et d'échos évocateurs des Flandres. Les vingt fresques représentant des moments importants de la vie de Jésus sont disposées autour du grand panneau central représentant la Crucifixion. Réalisées entre 1488 et 1495, ces fresques révèlent le sens aigu de la perspective de l'artiste, en phase avec les tendances culturelles les plus novatrices de la sphère milanaise. Les deux écoinçons centraux représentent le Jugement dernier et une vue de l'enfer avec les damnés soumis aux tortures les plus diverses, tandis que les deux piliers inférieurs représentent saint Bernardin et le Christ sous forme d’Imago Pietatis. La décoration est complétée par l'expulsion du Paradis terrestre et un aperçu du Purgatoire sur les deux demi-écoinçons latéraux. Le plafond à caissons en bois, en partie restauré et en partie reconstruit, est conforme à la structure d'origine.